L'atelier
Le réglage
J’ai toujours eu comme priorité la fiabilité et la longévité de l’instrument dans sa structure et dans la durée du réglage. Je pense que les instruments n’aiment pas être réglés trop souvent : il est important de trouver un bon réglage au départ et l’instrument s’améliore autour de ce réglage.
Il y a quelques années, j’ai fait le constat que je n’y comprenais rien, que chaque instrument m’apportait la preuve que les théories étaient tout et leur contraire.
J’ai commencé inconsciemment non plus à écouter et à regarder les musiciens, mais à les ressentir, à ressentir leur corps, leurs fluidités et leurs blocages, à partager leurs sensations plutôt que leurs réflexions. J’ai découvert que je faisais le vide en moi, et ce vide s’étendait jusqu’au moment où je prenais mes outils de réglage et où je déplaçais l’âme ou le chevalet.
Ce que je fais à ce moment-là est induit par la sensation que j’ai eu en ressentant le musicien jouer. Je déplace l’âme d’une façon presque inconsciente, sans avoir de vrais jugements sur la place où elle devrait aller. En général, cela dure quelques secondes. Il y a aussi l’écoute du bois, du frottement de l’âme sous la table qui m’indiquent certaines justesses dans mon ressenti et dans l’ajustage.